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Lettre de M. Hugh George

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Lettre de M .Hugh George ex Pilote du XV Sqd à Vraux en 39

(envoyée en 1984)

Je me souviens d’un avion léger de liaison MAGISTER souvent stationné près de la Maison Rouge. Un jour j’ai piloté cet avion avec mon ami Ronnie CLARKE pour aller à Betheniville c’était le 05 octobre 39, j’allais voir Ginette une fille dont j’avais fait connaissance lors de notre passage dans ce village. Ronnie était pressé il est reparti avec le MAGISTER en me laissant sur place, je fus chagriné, alors j’ai pris le MAGISTERE de Bétheniville, c’est d’ailleurs l’avion que vous avez en photo .

Je me souviens aussi d’une anecdote concernant les Français, c’est l’atterrissage d’un POTEZ 63 de l’Armée de l’air sur le ventre à Vraux le 30 octobre 39 ; Voici les circonstances : Ce jour là nous avons décidé, Ronnie CLARCK, Tom BASSET et moi de tenter une BOUCLE avec nos 3 Battles en formation ce qui était formellement interdit. Après avoir réussit et perfectionné notre figure nous l’avons exécutée pour le divertissement d’une escadrille française basée près de Vraux au- dessus de leur terrain. A notre retour à Vraux nous avons recommencé cette boucle pour nos hommes ce qui nous a attiré quelques désagréments !! Bientôt il y eut un grand bruit. L’escadrille française que nous venions d’épater approchait de Vraux à 20 mètres du sol à ce qui paraissait être en formation mais ils étaient sens dessus dessous. Les avions étaient des CURTIS à l’exception de celui du Commandant qui était un POTEZ 63 ; l’escadrille a fait une démonstration et le POTEZ a réalisé la sienne en solo très réussie sauf l’atterrissage qui se termina sur le ventre, pourquoi ? je ne sais pas,problème mécanique peut-être, ou erreur du pilote ? Il n’était pas blessé ni le passager qui l’accompagnait.

Nous avons trouvé le pilote dans son siège les larmes aux yeux .Nous comprenions parfaitement son chagrin .Je crois que cet avion était nouveau et la France voulait le vendre à l’Angleterre.

Je me souviens de 2 autres anecdotes touchantes à Vraux.
Nous avions pris l’habitude de nous entraîner au bombardement en piqué en prenant la Maison Rouge comme cible…sans les bombes naturellement. Un jour je me reposais dans une chambre à l’étage, tout à coup on me prévient qu’un pilote qui venait de décoller pour cet exercice s’était trompé d’avion et avait pris un avion armé de bombe !! et nous ne pouvions pas communiquer avec lui car il avait des problèmes de radio .Immédiatement j’ai décollé à toute vitesse avec mon BATTLE pour lui couper sa trajectoire et j’ai réussi à point nommé à éviter la destruction de la Maison Rouge et le pilote était Len TRENT ( devenu l’un des héros de la grande évasion).

L’autre anecdote concerne aussi le même type d’exercice, un jour il y eu un rapport disant qu’un aviateur était tombé de son avion sans parachute.Ce fut un grand mystère parce que le pilote de l’avion au retour de son vol affirmait qu’il était en solo !! Après enquête et recherche le mystère fut élucidé… C’étaient les vêtements de travail qu’un mécanicien avaient laissés sur le siège arrière qui en tombant se gonflèrent comme un ballon faisant penser à un homme bras et jambes étendus.

Je me souviens que l’on développait des photos dans un labo situé à l’étage. Quand nous sommes arrivés à Vraux le 17 septembre 39 la Maison Rouge n’était pas encore habitée et on a dit qu’elle servirait aux usages photographiques.

Je m’occupais aussi de la censure, il fallait vérifier minutieusement que les courriers en partance pour l’Angleterre ne contenaient aucune information secrète comme notre position par exemple.

Note à ce sujet : Ronald BRIGHT du 114 sqd nous raconta que pour expliquer à ses parents où il se trouvait, il avait écrit qu’il entendait la pie chanter faisant allusion à un poème anglais dans lequel on parle de la pie de Reims. C’était un poème célèbre en Angleterre dans lequel une pie venait voler la bague de l’évêque Remi. Ainsi en quelques lettres ses parents le localisèrent à Vraux ou Juvigny.

Nos missions en 39 consistaient en général à des vols de reconnaissance sur l’Allemagne au dessus de la ligne SIEGFRIED. Je me rappelle d’une mission en particulier le 29/09/39 au dessus de Saarbruck. Notre altitude était de 10 000 mètres et un de nos appareils a été touché au premier tir de DCA , le pilote était indemne et il est revenu à Vraux sans encombre. Les Allemands aussi faisaient des vols de reconnaissance au dessus de Vraux.

Près du terrain il y avait un emplacement de DCA anglais et je me souviens que le 27/09/39 pour une fête au café « Le Soleil d’Or » 8 de ces soldats sont arrivés en camion avec divers instruments de musique ( Trompette – piano – violon – batterie etc..) ils ont joué et moi-même bruyamment de ces instruments toute la nuit, sans cesse. Il y avait aussi un écossais ( en kilt) qui a joué du big pipes dans un autre coin de la pièce et qui a ajouté sa note à la cacophonie …personne ne le connaissait Vers minuit le commandant du 40 ème Squadron de Betheniville a téléphoné pour dire qu’ils voulaient venir à la soirée, ils arrivèrent vers 2 heures du matin au compas comme avec les Battles avec beaucoup de difficultés. Après quelques kilomètres leur bus a pris feu parce qu’ils n’avaient pas desserré le frein à main avant le départ. Je me souviens aussi que ce soir là notre commandant avait reçu son casque lourd d’Angleterre et que nous avons testé son casque à la fin de la soirée en brisant des bouteilles…vides sur celui-ci, le commandant avait très mal à la tête le lendemain.

Un gendarme français était venu, alerté par des habitants de Condé au milieu de la nuit à cause du bruit…avec lui nous avons longuement arrosé l’entente cordiale et il s’est amusé avec nous jusqu’à notre départ.

Pour mes 20 ans encore au soleil d’or j’ai connu une jeune chanteuse d’Opéra de Reims Renèe CHAPPAZ pourriez vous la retrouver ?

Note : Ce qui fut fait en 85 ils se retrouvèrent au théâtre de Reims où Renée Chappaz chantait. A cette occasion Hugues se mit au piano chez moi, Renée chanta quelques airs dont “La vie en rose” après un bon repas Hugues déroula une vieille peau de tambour sur laquelle figuraient toutes les signatures des pilotes et celle de Renée….Venez visiter notre musée je vous raconterai toutes ces anecdotes.

APRES DES RECHERCHES ET LES RENCONTRES ENTRE PILOTES VOICI QUELQUES PRECISIONS :
La démonstration des 3 Battles a eut lieu à WEZ où était basé le GC ¼ (Groupe de Chasse) équipé de 26 Curtis h 75 et 2 potez 631 l’histoire est arrivée le 22 octobre 39 lors de la visite de Sir KINGSLEY WOOD ministre de l’air britannique et de Sir HARDING sous secrétaire d’état aux colonies

L’histoire du potez est arrivée à Vraux le 04/10/39 source du SHAA et raconté par le mécanicien passager du Potez M. Chemithe revenu à Vraux.

Le pilote était l’Adjudant JOUANNIN ( ex Aéronavale ) le potez n°2 de la section d’entrainement 408 de la base aérienne 108 de Marignane.l’avion avait été envoyé dans le nord de la France pour démonstration et instruction dans les groupes et escadrilles utilisant ou en cours de dotation des Potez 631.

Le 04/10/39 décollage à 15 h 50 de VASSINCOURT dans la Meuse vers MARIGNANE . Vers 17 H la situation météo se dégrade sur DIJON le pilote décide de se dérouter et sur le terrain de CONDE-VRAUX ( appellation officielle). L’avion se pose sous des nuages bas sur le ventre vers 17h 30.

Sur le rapport le pilote reconnait avoir oublié de sortir le train (il pilotait des avions a train fixe dans l’Aéronavale), position de la manette sur  » train rentré ».

L’avertisseur sonore a bien fonctionné mais l’équipage reconnait ne pas y avoir prêté attention. L’appareil est peu endommagé: Hélices tordues, capotages inférieurs des moteurs enfoncés, radiateurs inférieurs à changer. La réparation de l’avion est effectuée par la Compagnie de l’air 145/111 du terrain de CONDE-VRAUX et par le parc de la Base Aérienne de MOURMELON. Les travaux durèrent 15 jours ce qui fit dire aux anglais sur leurs archives avec un peu de moquerie « Belle leçon d’efficacité de la part des français en tant de guerre ».

L’accident fit un heureux, le Sergent CHEMITHE qui put revenir en Champagne chercher l’avion et ramener du vin de champagne pour son mariage.

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