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LETTRE DE M. POTTER

LETTRE DE M. POTTER Pilote de Blenheim au 114ème Squadron à VRAUX

Le raid du 14 Mai fut pour nous, enfin le début des opérations. Les avions du 114 Squadron au nombre de 2 étaient les derniers des 6 avions encore en service dans l’AASF.
Avec l’aide de ma mémoire…nous fûmes envoyés à l’attaque de chars ennemis en pointe vers SEDAN, et nous devions retrouver des chasseurs français au-dessus du lieu de la mission ( il y eut souvent des ratés à ce sujet).
Nous prîmes l’air en formation de 2 avions, en passant près de VOUZIERS nous vîmes la ville bombardée par des avions allemands. Nous avions combiné notre attaque par une attaque basse altitude effectuée par JORDAN et moi par une attaque haute altitude. A proximité du but JORDAN fut abattu par la DCA et je rencontrai 3 ou 4 ME 109; un d’eux m’attaqua de droite à gauche, j’essayais d’esquiver mais le suivant m’ accrocha. La moitié de mon chargement de bombes était constituée de bombes anti-personnel de 40 Livres qui étaient capables de s’exploser au contact du feu. Je les larguais aussitôt et gardais mes 250 lbs dans l’espoir de les larguer plus tard. Mon avion était si endommagé après 4 ou 5 attaques que j’ai préféré rompre le combat et si possible m’évader pour rejoindre VRAUX.
Les avaries étaient constituées de trous d’obus dans la fuselage, dans les réservoirs d’huile, hélices, plexis du cokpit et plaques de blindage du siège navigateur ( il était alternativement dans le nez et dans le fuselage).Le châssis de mon panneau d’instruments de bord était atteint et saccagé par le coté « Startboard » Tandis que le mitrailleur utilisait ses armes, sa fiche d’intercommunication se débrancha de la prise et lorsque nous fûmes attaqués près de CHALONS de front, il fut atteint. Je larguais mes bombes de 250 lbs sur le camp de MORONVILLIERS et nous avons atterri sain et sauf à VRAUX.( L’avion était un Blenheim MK V L 9466 du 114 sqd dont le code était RT-P)
En regard de l’attaque sur VRAUX, nous étions de retour depuis 1 ou 2 jours d’un exercice de bombardement à PERPIGNAN LA SALANQUE.
Il était très tôt le matin quand un escadron de DORNIER 17 Z venant du village bombarda et mitrailla le terrain, la DCA fut utilisée mais elle était constituée uniquement de mitrailleuses de calibre 303 les DO17Z mitraillèrent les tentes et obligèrent les hommes à se réfugier dans des tranchées.
Je logeais dans un grenier d’une maison tenue par une très vieille dame (Mme CAMUSET), nous eûmes un hiver très froid, plus tard nous déménageâmes pour aller près de la mairie.
De retour en Angleterre je suis resté quelques mois au 114 sqd à HORSHAM St FAITH (Norwich) Le Squadron effectua des raids de jour sur l’Allemagne et eut beaucoup de pertes. Puis j’ai piloté un Bristol Bombay en Egypte pendant quelques mois avec le Sqd 117.Nous volions en support de la 8th Armée dans le désert et avons participé à l’invasion de la Sicile et la bataille de SALERNE. Plus tard nous fumes transférés en INDE.
Mon équipage Sgt MULFORD et LONGHORN volèrent pour un raid sur TRIPOLI quelques mois plus tard avec comme pilote le Sgt SEALE, ils furent abattus dans la Méditerranée.
Le Sgt ELLWOOD fut abattu lors d’un raid sur LE HAVRE.
Revenons à l’attaque du 11 mai 40 par les DO 17 Z, tous les équipages étaient logés dans un dortoir en bois construit derrière la mairie. Il était très tôt , nous fûmes réveillés par le tir de la DCA, le Sgt INTROYCK ouvrit la porte du dortoir et nous vîmes des DO 17 Z passer par l’encadrement de celle-ci. Nous nous sommes protégé dans une tranchée près de la cabane; nous avons couru vers les DCA, une DCA jumelée était en action.
Je me rappelle pas qu’une opération était programmée ce jour ou peut être pour larguer des tracts chez les allemands après qu’ils aient déclenchés leur ‘ GUERRE ECLAIR’ .
J’ai évacué un Blenheim endommagé le 19 mai à MEHARICOURT pour le 18 Sqd, lorsque je les ai trouvé, le Squadron était parti. Dans le village je n’ai trouvé qu’une vieille dame et 2 vieux messieurs; ils me dirent que les Panzers étaient passés par le village 1 ou 2 jours avant. Tandis que je démarrais mes moteurs pour m’en aller mon équipage me dit que des motocyclistes allemands étaient passés à coté. Je me souviens des dommages causés par les taupinières gelées lors des atterrissages.
MES IMPRESSIONS APRÈS LA DÉBÂCLE DE SEDAN
Je fus consterné de n’avoir pas trouvé comme prévu de support aérien par la chasse, après m’être débarrassé de mes dangereuses bombes anti-personnel et en gardant mes bombes H-E ou une action contre les ponts de la Meuse , mes efforts furent contrecarrés par l’attaque des ME 109.1 des chasseurs allemands était très déterminé dans ses attaques contre nous et endommagea très sévèrement notre avion. Les 2 autres (ou 3)pilotes effectuaient leurs attaques en étoiles et nous firent peu de dégât. Nous fîmes de violentes actions évasives à chaque attaque, je fus impressionné par la robustesse du BLENHEIM. En le menant « plein pot » jusqu’à l’atterrissage, ma vitesse atteignait 300Kts ( environ 480Km/h) je réussissais à maintenir cette vitesse jusqu’au bout.
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