Les premiers parachutistes français

J'ai vu sauter à l'entraînement les premiers parachutistes français

de Monsieur André GORGES

Le 1er avril 1937 a été créé sur la BA 112 de Reims, le Groupe d'Infanterie de l'Air n° 601, les premiers parachutistes français. Et ce n'était pas un poisson d'Avril. Pour les transporter, l'Armée de l'Air utilisait des Potez 65 capables d'emporter une quinzaine de parachutistes. Les sauts d'entraînement étaient effectués au dessus du terrain de desserrement d'Aubérive, village situé à environ trente kilomètres de Reims. Ce terrain, à la déclaration de guerre, fut mis à la disposition de la Royal-Air-Force.
J'avais quatorze ans à l'époque et j'habitais Mourmelon-le-Grand, à sept kilomètres d'Aubérive. Pendant les vacances scolaires avec quelques camarades j'allais souvent à bicyclette regarder sauter les parachutistes. Nous nous installions sur le bord de la route qui va de Reims à Suippes et nous attendions les parachutages, quelquefois en vain. Des bruits de moteurs d'avions venant de la direction de Reims nous alertaient. Trois ou quatre Potez 65 apparaissaient. Ils tournaient autour du terrain avant de commencer le parachutage. Il me semble, ma mémoire n'est plus très fidèle, que les parachutistes sautaient les premiers avec leur armement léger: mousquetons et fusils-mitrailleurs (F-M-24/29). L'armement lourd, mitrailleuses et canon de 37, suivait enfermé dans des gaines qui, vues de loin semblaient de couleur marron. Je sais depuis peu que ces gaines firent grande impression sur les Britanniques qui les copièrent pour leur Spécial-Air-Service (S A S) . Un conteneur anglais est exposé au musée.
J'ai assisté un jour à un accident qui aurait pu être grave. Le fond d'une gaîne a lâché au moment du déploiement du parachute. Son contenu, un canon de 37, est tombé dans un champ labouré pas très loin d'un endroit où se trouvaient des spectateurs. On est allé voir. Le canon était à demi enfoui dans la terre meuble.
A la même époque, une nouvelle unité, le groupe d'infanterie de l'air n° 602 fut créé en Algérie, à Baraki, dans la banlieue d'Alger. Il se trouve que, en 1945, appelé dans l'Armée de l'Air en A.F.N, je suis rentré en France par « voie aérienne militaire » selon la formule consacrée en ce temps là. En attendant mon avion j'ai séjourné plusieurs jours au dépôt des isolés de Baraki à l'endroit où avait été stationné le GIA 602 en 1937.

 

POTEZ 65