Retour du DFS 230 dans le Vercors
Le musée du terrain d’aviation 39/45 de Condé-VRAUX a fermé ses portes fin septembre 2024 après 30 années d’existence et après avoir reçu 31 004 visiteurs. Dorénavant, pour l’association Maison Rouge, gérante du musée, son occupation première est de faire en sorte que les pièces d’intérêt historique qui étaient exposées retournent à leurs propriétaires ou aillent au meilleur endroit possible : soit dans d’autres musées, soit au sein d’associations sérieuses et reconnues, ou soit entre les mains de collectionneurs avertis.
Pour la plupart des pièces importantes, c’est déjà fait pour des musées en Grande-Bretagne ou en cours, comme pour le futur espace muséal de la BA113 de Saint DIZIER.
Le 20 septembre 2025, M. HOURBLAIN a garé son véhicule avec remorque devant les portes du musée. Il était venu récupérer des éléments d’aéronefs donnés par l’association à M. Paul Castel BUERA, un jeune historien local de Saint-Jean-en-Royan, dans la Drôme. M. BUERA est spécialisé dans les événements de l’attaque allemande du plateau du VERCORS en juillet 1944. Attaque sanglante réalisée par la voie des airs à l’aide de planeurs d’assaut et de transport avec d’autres avions d’observation, d’attaque, de bombardement ou de transport.
Paul Castel BUERA connaît parfaitement cette tragique période du VERCORS et depuis des années collectionne sur le sujet en plus des recherches historiques qu’il mène pour authentifier les faits, retrouver des témoignages inédits jusqu’à préciser les endroits où des maquisards sont tombés et qui étaient portés disparus jusqu’à aujourd’hui.
Par sa connaissance des lieux et des personnes, Paul a été en mesure de retracer toute l’histoire de la partie avant de planeur DFS 230(1) provenant du VERCORS et qui était exposée dans notre musée à VRAUX . À partir de là, il devenait logique que cette partie avant retourne sur le lieu où elle avait atterri en juillet 1944 afin de « boucler la boucle ».
Le rêve de Paul est de pouvoir réaliser avec ses amis un petit musée consacré à l’attaque allemande du plateau du VERCORS, axé principalement sur le vecteur aérien .
De fait, en plus de la partie avant de DFS 230, la remorque de M. HOURBLAIN ramena à Saint-Jean-en-Royan une partie de voilure de Junkers JU 52 et partie tubulaire arrière de Fieseler Storch FI 156, deux avions ayant participé à la bataille du VERCORS.
À ce jour, ces éléments d’aéronefs sont dans les mains de Paul qui, avec ses amis, travaille à les remettre en condition d’exposition pour leur futur musée.
Pour l’Association Maison Rouge, c’est là le meilleur choix qui a été fait concernant ces éléments spécifiques.
(1) Le planeur DFS 230 :
Le sigle DFS fait référence au Deutsche Forschungsanstalt für Segelflug (Institut allemand de recherche sur le vol à voile).
C’est un institut qui a conçu et développé plusieurs planeurs notables, notamment avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
Voici les différentes versions de planeurs les plus célèbres associés à l’institut DFS :
1. DFS 230 (Planeur d’Assaut Militaire)
C’est probablement le plus connu en dehors du milieu du vol à voile.
Type et Rôle : Planeur de transport et d’assaut utilisé par la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Capacité : Il pouvait transporter un pilote et neuf soldats entièrement équipés.
Conception : Développé par Hans Jacobs à partir de 1936, il a volé pour la première fois en 1937. Il était conçu pour atterrir avec précision, souvent équipé d’un parachute de freinage et d’un patin.
Utilisation célèbre : Il a été utilisé dans des opérations majeures, notamment l’assaut du fort belge d’Eben-Emaelen 1940, la bataille de Crète en 1941, et la libération de Benito Mussolini (Opération Eiche) en 1943. Des carcasses de DFS 230 se trouvent aussi à Vassieux-en-Vercors, suite à l’attaque de juillet 1944.
Le DFS 230 a été développé à l’origine avec un système de freinage plus conventionnel pour sa mission d’assaut :
Patins d’atterrissage : Il atterrissait sur un long patin central sous le fuselage, après avoir largué son train d’atterrissage à roues.
Parachute de freinage : Dès la version DFS 230 B-1, il a été équipé d’un parachute de freinage à l’arrière pour raccourcir drastiquement sa distance d’atterrissage (pour se poser dans des zones très confinées).
Les Fusées de Freinage (Version C-1)
Cependant, les fusées de freinage ont été ajoutées sur une version ultérieure :
Version C-1 : La version DFS 230 C-1 était équipée de trois fusées de freinage (petits moteurs-fusées) installées dans le nez de l’appareil. Ces fusées étaient tirées juste avant l’impact final pour arrêter le planeur le plus rapidement possible.
DFS 230D-1 : Prototype avec des fusées de freinage de nez améliorées.
Objectif : Ce système a été développé pour permettre des atterrissages extrêmement courts et précis sur des terrains très exigus et dangereux, comme des sommets de montagnes ou des toits.
Opération célèbre : L’utilisation la plus célèbre de cette version a été lors de l’Opération Eiche (Chêne) en 1943, qui visait à libérer le dictateur italien Benito Mussolini qui était détenu dans un hôtel sur le sommet du Gran Sasso(une zone montagneuse très difficile d’accès). L’action des fusées de freinage a permis de limiter la course d’atterrissage à environ 16 mètres.
2. DFS Weihe (Planeur de Performance)
Le « Weihe » (Busard) est un classique du vol à voile.
Type et Rôle : Planeur monoplace de performance et de compétition, conçu par Hans Jacobs en 1937-1938.
Caractéristiques : Il avait une envergure de 18 mètres, une finesse maximale d’environ 29:1 à 70 km/h, et un taux de chute minimal très faible (0,58 m/s à 60 km/h).
Matériaux : Il est construit principalement en bois, avec le bord de fuite de l’aile et les gouvernes entoilées.
Histoire : Il a battu plusieurs records mondiaux et nationaux. Après la guerre, il a été produit sous licence dans plusieurs pays, dont la France (sous le nom de VMA-200 Milan), la Suède et l’Espagne. Il est encore considéré comme un modèle classique.
Autres planeurs DFS notables :
DFS Habicht : Un planeur de voltige exceptionnel (premier vol en 1936), également conçu par Hans Jacobs, réputé pour sa robustesse et sa capacité à effectuer des figures acrobatiques complètes.
DFS Olympia Meise : Conçu à l’origine pour les Jeux olympiques de 1940 (qui furent annulés), c’était un planeur monoplace d’entraînement et de compétition très réussi.
Ces planeurs témoignent de l’importance du DFS dans le développement de l’aéronautique, tant dans le domaine sportif que militaire.






