Lettre n° 1 de Ronald BRIGHT en 1985 (agé de 64 ans)
ex mécanicien du 114 SQUADRON de la RAF
Je suis entré dans la RAF à 17 ans en 1937 dans le 114 escadron de bombardement en 38 qui était équipé d’ Avion BLENHEIM j’étais mécanicien avion.
Fin octobre 39, je suis parti d’Angleterre pour l’aérodrome de Vraux pour relever le Squadron XV qui était équipé de monomoteurs démodés .Nous faisions partie de la 1ére AIR STRIKING FORCE , composée de 16 avions (2 escadrilles de 8) 200 hommes, un tas de matériel de transport , le tracteur à pétrole ( Fordson exposé au musée) des remorques à 4 roues et des transporteurs de troupe. Nous avons atterri à bord d’un avion de transport dans le champ (jonché de taupinières) qui devait être notre terrain d’aviation.
En fin d’après-midi le Squadron XV était déjà parti. Nos propres bombes arrivèrent le lendemain. Nous allâmes au village, il faisait sombre et il tombait une pluie torrentielle. Nous descendîmes la route (Rue Basse) , il y avait de la boue crayeuse partout et ce fut ici qu’un interprète de l’Armée française nous alloua nos logements. 20 d’entre nous occupèrent l’étage supérieur d’une maison au pied de l’église. Nous appelions Alex le garde- champêtre ( Alex Mulot) nous avions cru qu’il était le Maire.
Je vais vous parler de notre logement.(Chez M. JONDREVILLE aujourd’hui.) A notre arrivée nous avions des paillasses remplies de paille. Nous n’avions aucun chauffage et seulement le puits dans la cours pour l’eau. Nous n’avions pas de toilette. Anatole (M. Anatole LEMAIRE) avait des toilettes à l’extérieur qu’il fermait à clef .Le jour suivant, nous creusâmes des toilettes dans la terre, en bas du jardin, le long de la Rigole et celles-ci nous servirent jusqu’à notre départ en 40 . Souvent nous urinions le long de la vigne (treille) qui poussait contre le mur en dessous de la fenêtre de notre logement (parfois depuis la fenêtre…) à force la vigne mourut d’une mort lente mais inévitable et Anatole en fut très chagriné ( aux gens du village Anatole disait que l’hiver 39-40 très froid avait tué sa vigne…).
A coté habitaient M. Lucien Delacour électricien avec sa femme (Maison LOVEAU aujourd’hui) il buvait beaucoup de vin de table, sa femme devint notre blanchisseuse . Elle était très gentille pour nous car nous avions des pantalons et des vestes très épaisses qui nécessitaient des repassages fréquents et difficiles. Derrière chez Lucien habitait un couple (emplacement maison Gilles MAHEUT ) M. TOURTEBATE qui vivait pauvrement ; sa femme nous faisait des gaufres ; quand il y avaient de la confiture dessus, elles étaient acceptables. Quand je suis revenu à Vraux en 72 , ils vivaient aussi pauvrement , ils furent très heureux de me revoir , nous avons été les bienvenus. Le mari me montra son fusil de chasse qu’il avait enterré dans la jardin pendant l’occupation allemande.
Dans le bas de la rue du café il y avait une salle à manger dans une grange. La nourriture était affreuse la plupart du temps ; les cuisiniers n’avaient pas d’installations pour faire mieux. Nous avons été bénits dans le local attenant à la boulangerie (par l’Abbé PAULET). Nous allions y acheter du pain français et aux ECCOS épicerie située sur la place (Maison MICLUS) pour le fromage LA VACHE QUI RIT pour nous maintenir en forme. (Les agriculteurs récupéraient le pain anglais immangeable pour le donner aux cochons ). Sur la place (Maison KIESER) vivait Antoinette ( Giraud – MANING ) couturière qui souvent réparait nos habits elle était très belle. Le long de la route principale il y avait le café du centre où nous achetions de la bière et différents vins et aussi du champagne (tenu par M Schneider ). Derrière l’école les aviateurs de repos avaient construit une baraque en bois qui servait de foyer.
Tous les matins, les sous-officiers et les hommes de l’escadron étaient passés en revue et allaient à l’aérodrome en camion et parfois à pied , en passant par la Maison Rouge sur le terrain il y avaient des tentes et des pins qui avaient été coupé au ras du sol et repiqué pour camoufler nos installations ; j’était dans l’escadrille B Il y avait une armurerie une réserve à bombe . Il y avait aussi une batterie anti-aérienne qui utilisait des mitrailleuses servies par 2 artilleurs dans des trous protégés par des sacs de terre.
A l’heure du déjeuner nous étions ramassés par des véhicules de transport de troupe (marque CROSSLEY) pour aller manger au village. Nous étions déposés sur la place et une heure après nous reprenions la route du terrain d’aviation où nous restions jusqu’au crépuscule et ramenés ensuite par les mêmes moyens. Nous étions couchés sur des paillasses remplies de foin et de paille. Seul un lit à baldaquin sans matelas fut occupé par 2 amis (Mr EDWARD et Mr GIL). Il n’y avait pas de chauffage et seulement un puits dans la cour servait pour la toilette. Nous n’avions pas de WC (notre hôte avait fermé les siens !), nous avons donc creusé des feuillées dans le jardin, le long de la rigole. Mais lorsqu’il faisait très froid, nous allions contre le mur sur la vigne « qui était en bonne santé mais qui mourut d’une mort lente mais inévitable » (SIC). Il nous fallait parfois boire beaucoup d’alcool pour tenir au poste de garde la nuit par – 20°
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