L’AVIATION POPULAIRE À MOURMELON
En 1936 Pierre Cot, ministre de l’Air, décida la création des sections d’aviation populaire au sein des Aéro-Club déjà nombreux en France. De quoi s’agissait-il?
A cette époque, ce n’étaient pas les sports, tel le foot ou les groupes de chanteurs qui intéressaient les jeunes, mais, l’aviation.
Les exploits de Mermoz, de Saint-Exupéry, de Guillaumet, d’Hélène Bouchet et de bien d’autres aviateurs étaient mis en lumière par la presse, la radio et le cinéma.
L’apprentissage du pilotage coûtait cher. L’idée du ministre consistait à initier au vol les jeunes des classes populaires qui le désiraient. L’état s’engageait à fournir les avions et les moniteurs. Un uniforme fut même imaginé pour les stagiaires: casquette type Armée de l’Air et combinaison en toile bleu-ciel. Le projet de Pierre Cot avait une autre motivation, beaucoup moins généreuse: fournir si- possible des pilotes à l’Armée de l’Air.
De nombreux jeunes, enthousiastes s’engagèrent, dans les Sections d’Aviation Populaires (S.A.P). Pourtant le succès ne fut pas complet. Pourquoi?
L’Etat commanda un grand nombre d’avions dont beaucoup, sans doute par souci d’économie, étaient trop petits avec des moteurs trop peu puissants.
Comparables aux ULM actuels, ils ne permettaient pas aux élèves un apprentissage rationnel alors que leurs homologues allemands et soviétiques volaient, eux, sur de vrais avions. Seuls le Caudron Renault « Luciole » et le Potez 36 pouvaient être considérés comme de vrais avions. Bien que le nombre de brevetés pilotes soit important assez peu s’engagèrent dans l’Armée de l’Air et parmi eux, un certain nombre fut jugé inapte au pilotage d’un avion de combat.
Dans certains aéro-clubs, les adhérents fortunés, acceptèrent mal la présence de jeunes venus d’un milieu modeste et fous de vol.
Enfin quelques rares aéro-clubs détournèrent à leur profit une partie des crédits affectés à l’aviation populaire.
A la chute du gouvernement de Front populaire, l’expérience fut plus ou moins continuée mais sous une autre forme.
L’idée était bonne, malheureusement les résultats ne répondirent pas aux espoirs.
À Mourmelon, l’installation d’une section d’Aviation Populaire au sein du petit aéro-club n’a pas posé de problèmes.
Le club possédait déjà un Potez 36 (95 cv). L’État ajouta quatre avions : un Caudron Renault « Luciole » (95cv), un « Cri-Cri » Salmson (60 cv), un Potez 60 (60 cv) et un minuscule « Moustique » Farman.
Avec son petit moteur de 25 cv, le Moustique qui était monoplace et servait à « l’entraînement » faisait en vol un bruit épouvantable. À notre époque, l’aéro- club croulerait sous les plaintes.
Le moniteur de pilotage M. Damour, était à la fois sympathique, compétent et rigoureux. Il était très aimé de ses élèves.
A Mourmelon, de nombreux jeunes appartenant à ce qu’on appelle maintenant la Mourmelonie s’inscrivirent à la section et furent pris en mains par M. Damour.
Beaucoup n’allèrent pas jusqu’au passage du brevet de pilote, d’autres persévérèrent et quelques uns s’engagèrent dans l’Armée de l’Air.
Parmi eux on peut citer
Le capitaine de l’Armée de l’Air Pierre Malin fusillé par les allemands à Lyon, en 1944 pour fait de résistance.
Marcel Charollais, un ami de Pierre Malin. En congé d’armistice, il reprit du service à la libération, et fit l’Indochine. Puis il quitta l’Armée de l’Air et se spécialisa dans la voltige aérienne.
Paul Barbier, fils d’un agriculteur de Mourmelon. Il obtint la mention très bien, au certificat d’études en 1934, ses parents ne jugèrent pas utile de lui faire continuer des études, mais lui permirent de passer son brevet de Pilote.
Pendant la guerre, il construisit des modèles réduits de planeurs. À la Libération il s’engagea dans l’Armée de l’Air, mais ne put devenir pilote militaire .
Véritable autodidacte de la mécanique, à l’aéro-club de Saint-Dizier, pour se payer des heures de vol, il faisait de nombreux travaux d’entretien sur les avions, travaux qui ont toujours été validés par le bureau VERITAS. Il passait ses congés dans un centre de vol à voile. À bord d’un Morane 230 il y tractait les planeurs.
Un pilote militaire l’initia à la voltige aérienne. Il y a une trentaine d’années, un dimanche d’hiver, le brouillard enveloppait la campagne, sauf à Saint-Dizier où le soleil brillait. Il profita du beau temps pour voler. Ce vol fut hélas son dernier. Il aurait, parait- il, voulu effectuer une figure de voltige aérienne trop prés du sol qu’il percuta. PAULO était vraiment un fana d’aviation
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