Le Pou du ciel

Le Musée possède une pièce rare. Il s’agit d’un « Pou du ciel » qui n’a jamais été entoilé et qui n’a donc jamais volé. En l’observant on s’aperçoit que ce n’est pas un avion comme les autres. Deux ailes presque aussi grandes sans ailerons ni volets d’aucune sorte, pas de palonnier, seul un manche à balai. Le moteur est celui d’une moto Indian (1000 cm3). On dirait maintenant, qu’il s’agit d’un ULM deux axes (axe de lacet et de tangage, pas d’axe de roulis).

Revenons à l’avant-guerre. En 1934, le Salon de l’Aviation se tenait au Grand-Palais à Paris. Un ingénieur talentueux Henri Mignet y présenta un curieux petit avion le HM 14 qu’il avait baptisé « Pou du Ciel ». Son but était double. Le Pou du ciel devait être très sûr et il devait pouvoir aussi être construit à domicile par des amateurs. Pour cela il édita un livre « Le sport de l’air », dans lequel il donnait toutes les explications nécessaires.

Pour faire un avion sûr il fallait, pour éviter la vrille, presque toujours mortelle, ne pas installer les ailerons qui la causent. Ensuite deux ailes d’envergure presque égale sont placées l’une derrière l‘autre, la plus grande devant, afin de créer un effet de fente. Pour monter ou descendre, la première aile est mobile. On peut faire ainsi varier l’incidence. En cas de panne, on a une « descente parachutale » sans perte se contrôle. Le Pou du ciel est propulsé par un moteur Aubier et Dune 2 temps, 2 cylindres de 20 cv. Après le Salon une séance de vols fut organisée à Orly sous l’égide du journal « Les Ailes ».

Le succès fut immédiat. De nombreux amateurs se mirent vite au travail. Mais des accidents graves survinrent. Certains ont parlé d’une centaine. Le HM 14 fut interdit de vol.

Si le Pou du ciel était sûr à faible vitesse, il devenait dangereux à « grande vitesse » à cause d’une anomalie de centrage. Après des essais en soufflerie en France et en Grande Bretagne le problème fut résolu mais des campagnes de presse désastreuses et l’entrée en guerre firent que le Pou du ciel ne réussit pas à s’imposer comme il le méritait.

Après la guerre quelques amateurs construisirent de nouveau des ULM « formule Mignet ». On en construit toujours, ils volent bien et ne provoquent pas plus d’accidents que les autres avions.

Revenons au Pou du Ciel de Vraux. Aurait-il été capable de voler tel qu’il était s’il avait été terminé ? Ce n’est pas sûr du tout pour deux raisons.

  • Son petit moteur de moto ne semble pas très puissant.
  • L’emploi dans la construction de grosses barres et de gros boulons d’acier l’ont peut-être trop alourdi.

De toutes façons il permet au visiteurs du musée de comprendre la fabrication d’une aile d’avion avec ses nervures, ses longerons, son bord d’attaque et son bord de fuite, même si maintenant, souvent, le bois est remplacé par du métal ou du plastique.

Pour construire votre Pou du Ciel : 

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